AGROÉCOLOGIE PHILIPPE LAFLEURIEL, responsable agronomique de La Dauphinoise, intervenant lors d'une réunion d'information sur l'agroécologie à l'Assemblée nationale : « En allant dans cette voie-là, la part d'aléas augmente »

Qu'est-ce que l'agroécologie pour vous ?

Dans le passé, on a beaucoup travaillé autour de la maîtrise des produits, à la bonne dose, au bon endroit, au bon moment, mais pour moi, l'agroécologie est quelque chose de plus ambitieux, même si cela y contribue. Il y a des pistes de travail à explorer, notamment dans la maîtrise des ravageurs par les auxiliaires (haies, bandes enherbées, zones refuges...). L'agroécologie, pour moi, c'est par exemple de l'agroforesterie, des associations légumineuses-colza ou de la couverture permanente des sols.

Explorez-vous ces sujets ?

On est resté dans une approche peut-être encore trop classique, mais notre axe de recherche le plus actif, actuellement, est celui des couverts végétaux : couverts en intercultures, plantes compagnes ou couverture permanente des sols, même si on est complètement en découverte sur ce dernier sujet, jusque-là à l'initiative d'agriculteurs. Il faut avouer qu'on vient plutôt en suiveur et qu'on est encore balbutiant.

Il y a aussi la question de la diffusion de ces innovations...

Il faut admettre qu'en allant sur cette voie de l'agroécologie, la part d'aléas augmente. Pourtant, le contexte économique actuel conduit les agriculteurs à craindre la prise de risque, ce qui est un frein à l'acceptation de la diffusion de l'innovation. Par ailleurs, je note que le 5e programme d'actions de la directive nitrates est contre-productif, car il bloque l'innovation agronomique par la mise en boîte réglementaire. En tant qu'agronome, on se sent un peu « émasculé », lorsque, dans les Gren, on essaye d'apporter de la finesse de raisonnement, et que finalement on nous impose des choses.

R. F.